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n 2009, Rachid Maliki lance au Maroc
Blue Fingers, une entreprise spécia-
lisée dans la production «jeans», en
partant du tissu brut. Après une solide
expérience de treize ans comme directeur
de développement chez le leader mondial
«Levi Strauss» en Belgique, on peut dire qu’il
se lance en terrain connu. La jeune entre-
prise commence par faire le bon choix. Elle
intègre le groupe NewWash, spécialisé dans
le délavage, afin de pouvoir mieux servir le
marché en couvrant un champ plus large
de la filière de fabrication de jeans. «Les
donneurs d’ordres cherchent des groupes
intégrés, qui maîtrisent toute la chaîne de
valeur», confirme le jeune dirigeant. Et cette
stratégie s’avère des plus gagnantes.
Une Success-Story
Et pour cause, en seulement quatre ans
d’activité, Blue Fingers a connu un dévelop-
pement fulgurant. L’entreprise emploie au-
jourd’hui plus de 450 personnes et dispose
d’une capacité de production de 4000 pièces
par jour. Autre performance, elle a réalisé un
chiffre d’affaires de 90 millions de dirhams
en 2012. Son capital a été multiplié par
quatre en autant d’années, passant de 2 mil-
lions de dirhams au lancement, à 8 millions
actuellement. Faisant dire à son patron non
sans fierté: «C’est une vraie success-story. En
très peu de temps, nous avons pu nous hisser
parmi les cinq premières entreprises dans
notre domaine». En effet, l’entreprise fait
partie des cinq sélectionnées pour bénéfi-
cier de subventions accordées dans le cadre
d’un programme de soutien spécifique pour
le développement des exportations dans le
secteur du textile. Ce programme, toujours
en cours d’exécution, devrait aboutir à une
aide de 40 millions de dirhams, destinée à
permettre à ces acteurs de mieux structurer
le tissu industriel du Maroc et de renforcer le
positionnement des produits manufacturés
marocains sur les marchés internationaux.
Une activité orientée vers l’export
Comme la plupart des entreprises de son
secteur d’activité, Blue Fingers travaille
exclusivement pour l’export. Une partie de
sa production va vers les États-Unis, mais
l’essentiel prend le chemin de l’Europe, vers
la France, l’Italie, l’Allemagne, ou encore
l’Espagne. Sur le marché international,
Blue Fingers, et le «jeans» made in Morocco
font face à la concurrence de pays voisins
comme la Tunisie ou la Turquie. Mais cela
n’effraye pas Rachid Maliki, car pour lui, les
entreprises marocaines sont bien armées
pour bien résister. « Chaque pays dispose
Entreprendre
D
ès le lancement du pro-
jet, en 2009, l’idée de Ra-
chid Maliki était simple:
ma î t r i s e r l ’ en s emb l e de l a
filière pour être compétitif sur
le marché. Il faut dire que ce
jeune homme connaît la fabri-
ca t i on de s j eans comme s a
poche. En intégrant le groupe
New Wash , son en t r ep r i se ,
Blue Fingers, peut se targuer
d’assurer toutes les étapes de
la création des jeans. El le se
positionne en aval du «conver-
teur», chargé du t i ssage, et
assure toutes l es étapes de
product ion pour dél i vrer un
produi t f ini , prêt à être por -
té. E l le fa i t a ins i par t i e des
cinq «agrégateurs» chargés de
développer cette branche du
textile marocain et de la faire
rayonner sur le marché inter-
national.
▲
Maîtriser toute la filière
pour mieux servir le marché
C
OMME
LA
PLUPART
DES
ENTREPRISES
DE
SON
SECTEUR
D
’
ACTIVITÉ
,
B
LUE
F
INGERS
TRAVAILLE
EXCLUSIVEMENT
POUR
L
’
EXPORT
.
Tisser sa toile
au-delà des frontières
Opérant dans le secteur du «jeans» (denim), la toile de coton la plus portée dans le monde,
Blue Fingers a su se tailler, en l’espace de quelques années, une place parmi les leaders de
ce secteur au Maroc. Aujourd’hui, cette entreprise ambitieuse n’arrête pas de grandir et de
conquérir de nouveaux marchés de par le monde.
BLUE FINGERS
de ses propres avantages. L’Accord de libre-
échange avec les États-Unis, par exemple, est
un atout indéniable dont seules les entre-
prises marocaines peuvent tirer profit»,
explique-t-il.
Toujours à la recherche de nouveaux mar-
chés, l’entreprisemultiplie les participations
aux salons et autres évènements profession-
nels de par le monde. «Aujourd’hui, nous
cherchons à consolider notre présence sur
les marchés allemand et américain», déclare
Rachid Maliki. Ajoutant qu’il reste «beau-
coup de choses à faire dans ces pays». La
conjoncture étant ce qu’elle est dans le do-
maine du textile, RachidMaliki est conscient
qu’en plus de ces clients «classiques», l’en-
treprise doit également prospecter de nou-
veaux marchés afin de pallier la baisse de la
demande qui touche certains pays clients
tels que l’Espagne, crise économique oblige.
Elle s’est ainsi naturellement tournée vers
les pays du nord de l’Europe, qui montrent
une meilleure résilience face aux aléas éco-
nomiques. Et cette stratégie semble mar-
cher, puisque Blue Fingers dispose déjà de
ses premiers clients en Hollande et en Suède.
Une expérience concluante, que le dirigeant
espère être un premier pas vers la conquête
commerciale de cette partie du vieux conti-
nent.
Des premiers contacts positifs
avec la Russie
Dans leur quête de nouveaux marchés à
l’international, les dirigeants de Blue Fin-
gers ont participé à une caravane organisée
pour les exportateurs marocains en Russie,
en juin dernier. Et même si l’entreprise n’ex-
porte pas encore vers ce marché prometteur,
Maliki reste optimiste quant au potentiel de
ce marché récemment ouvert au monde: «Ce
voyage a été positif dans le sens où il nous a
permis de jauger le potentiel de ce marché
et d’établir quelques contacts intéressants»,
témoigne-t-il . Cette mission d’hommes
d’affaires lui a, en effet, permis d’entrer en
contact avec d’importants clients potentiels,
tels que le géant Yudashkin. des contacts
que le dirigeant espère concrétiser bientôt,
grâce au voyage organisé par Maroc Export
au mois d’octobre
Rachid Maliki nourrit de grandes ambitions
pour son entreprise. Il espère franchir le
cap symbolique du million de pièces pro-
duites par an, au lieu des quelque 700.000
aujourd’hui. Et si la totalité de sa production
est vendue à l’étranger sous les marques de
ses donneurs d’ordres, il nourrit l’espoir
de lancer un jour sa propre marque. Et son
entreprise semble bien armée pour cela. «Le
plus difficile, lorsque l’on souhaite créer une
marque, est de maîtriser l’outil productif»,
souligne-t-il. Or, Blue Fingers dispose déjà
d’une unité de production performante.
Cette marque serait tournée en premier lieu
vers le marché local. «Au Maroc, le marché
existe», poursuit-il confiant. Le jeune diri-
geant verrait bien sa marque, par la suite,
s’attaquer à l’international en s’appuyant
sur ses contacts et ses réseaux déjà en place.
Petit poisson deviendra grand!
▲
L’
ENTREPRISE
EMPLOIE
AUJOURD
’
HUI
PLUS
DE
450
PERSONNES
ET
DISPOSE
D
’
UNE
CAPACITÉ
DE
4000
PIÈCES
PAR
JOUR
.
Le voyage en Russie a été positif
dans le sens où il nous a permis
de jauger le potentiel de ce
marché et d’établir quelques con-
tacts intéressants.